Depuis quelques jours, la France suffoque sous une canicule précoce et intense, avec des températures dépassant les 40°C dans plusieurs départements. Résultat immédiat : des écoles ferment, les enfants sont renvoyés chez eux, et les collectivités locales improvisent dans l’urgence. Ce scénario, devenu récurrent, met en lumière un problème structurel : nos bâtiments publics ne sont pas prêts à encaisser les vagues de chaleur et nous sommes très en retard pour les adapter.

Sur BFM TV, François Gemenne, membre du GIEC, l’a rappelé avec force : « On est très en retard dans l’adaptation de nos bâtiments publics à la nouvelle donne climatique. La chaleur n’est plus une anomalie, elle est la norme. »

 

Une urgence à prendre au sérieux

Nous avons posé des sondes de température intérieure dans des bâtiments publics, des écoles, des crèches et également des équipements sportifs.
Voici une analyse des mesures qui nous ont été remontées sur les deux jours de canicule : lundi 30 juin et mardi 1er juillet 2025. Les résultats parlent d’eux-mêmes :

Type de bâtiment Moyenne (°C) Max (°C) Min (°C)
Salle polyvalente 31,8 34,0 28,5
Salle de sport 31,4 42,3 22,8
Établissement scolaire 29,6 35,3 25,8
  • Les températures dépassent les 31 °C en moyenne dans les salles de sport.
  • Les cantines maternelles et élémentaires dépassent les 32 °C au moment des repas.
  • Un record de 42,3 °C a été mesuré mardi 1er juillet à 19h14 dans une salle de sport.

Ces températures ne sont pas une exception ponctuelle : elles sont représentatives de la norme dans les bâtiments non rénovés, mal ventilés et très exposés. Et ce sont ces lieux que fréquentent chaque jour nos enfants, nos agents publics, nos enseignants.

Ce constat est partagé sur tout le territoire. Des écoles ont fermé. Des collectivités ont improvisé.

Et pourtant, ces situations étaient prévisibles. Les données sont là. Ce qui manque désormais, c’est l’action systémique.

 

Que peut-on faire maintenant ?

Face à des températures extrêmes qui ne relèvent plus de l’exception mais bientôt du quotidien, il est indispensable de mettre en œuvre des actions concrètes, coordonnées et inscrites dans la durée. Voici les quatre leviers d’action à déployer dès maintenant :

1. Quantifier pour objectiver les priorités

La première étape consiste à poser des sondes de température pour mesurer et identifier les bâtiments les plus exposés. Sans données, impossible de prioriser ni de convaincre les décideurs d’agir. Ces capteurs doivent être simples à installer, autonomes et capables de transmettre les données en temps réel dans un système de management de l’énergie.

2. Adapter les bâtiments durablement

L’adaptation ne signifie pas nécessairement climatiser. Des solutions passives existent et sont efficaces : isolation thermique, brise-soleil, stores extérieurs, films anti-chaleur sur les vitrages, ventilation naturelle ou mécanique… Ces leviers permettent de réduire significativement la température intérieure, sans surcoût énergétique.

3. Planifier dans la durée

L’adaptation au changement climatique doit être inscrite dans les plans d’investissements locaux, au même titre que la rénovation énergétique. Il faut sortir de la logique de gestion de crise estivale pour inscrire ces actions dans une stratégie pluriannuelle.

4. Protéger les usagers dès maintenant

En parallèle des chantiers de rénovation, des mesures d’urgence peuvent être mises en place :

  • revoir les horaires scolaires pendant les épisodes caniculaires,
  • aménager des zones rafraîchies,
  • adapter les pratiques pédagogiques,
  • informer et outiller les équipes. 

Ecole Montaigne (stores motorisées)

Un exemple à suivre : la ville de Poissy

La ville de Poissy a anticipé cette problématique dès 2020. En équipant 15 écoles de stores motorisés à haute performance, accompagnés de sondes de température, elle a réussi à abaisser jusqu’à 12,1°C la température intérieure lors d’un épisode caniculaire.

Le tout sans climatisation, avec une réduction de plus de 300 000 kWh/an de consommation énergétique.

Ce projet, rentabilisé en moins de deux ans, démontre qu’il est possible d’agir efficacement, à coût maîtrisé, tout en protégeant les enfants.

Nous ne pourrons pas éviter les prochaines canicules, mais nous pouvons éviter d’y être à nouveau pris au dépourvu.
Des solutions existent, elles sont accessibles, et leur efficacité est démontrée. L’important, désormais, est de les mettre en œuvre avec méthode et sans attendre.

Si vous vous posez des questions sur l’adaptation thermique de vos bâtiments, nous pouvons vous aider à y voir clair, simplement et concrètement.