L’année dernière, déjà, la guerre en Ukraine a provoqué une crise sur les marchés de l’énergie avec des prix de vente, aux professionnels comme aux particuliers, du gaz comme de l’électricité qui ont flambé. En quelques semaines, les tarifs du kilowattheure a été multiplié par 2, puis 3, puis 4 puis 5. 

Il a fallu une intervention massive des pouvoirs publics et de leur bouclier tarifaire magique pour épargner, partiellement, les ménages, et les entreprises, petites ou fortement électro dépendantes, de ces hausses incontrôlées, mais pas imprévisibles.

 

L’heure de la planification énergétique 

Aujourd’hui, l’heure est à la planification chez les décideurs : aurons-nous suffisamment de carburant pour chauffer nos demeures, faire tourner les services publics, y compris les hôpitaux, assurer la continuité de l’économie pour les entreprises énergivores ? Jusqu’à quelle rigueur climatique notre « grid » pas encore tout à fait « smart » pourra-t-il supporter la demande ?

La succession d’hivers doux ces dernières années nous laisse espérer que cette tendance se poursuive. Pourtant, un coup de froid trop rapide et intense risque de gripper notre machine.

Aussi, par précaution, et en prévision de futurs moins cléments, nous allons expérimenter la baisse contrainte de la puissance électrique de nos logements. 200.000 heureux participants vont voir leur puissance souscrite amputée de moitié, de 3 à 6 kVA, ne leur laissant plus la liberté de consommer comme ils l’entendent. Le réfrigérateur, un peu de lumière, et surtout, l’Internet et la télévision, et au lit. 

Si nous en arrivons là, c’est d’abord grâce au déploiement massif de nos compteurs communicants Linky qui permettent une commande à distance individuelle, par exemple, pour souscrire ou résilier un contrat, mais aussi collective. Ce bijou de technologie intègre, contrairement à ces prédécesseurs un « breaker », un disjoncteur, qui permet de couper le courant à distance. Il est aussi doué de communication, bidirectionnelle ; il envoie ses mesures de courant chaque jour, il reçoit ses ordres du système central. C’est ce mécanisme qui va permettre la prise de contrôle de nos compteurs, et donc, de nos usages électriques.

 

Un enjeu vitale

Si nous en arrivons à ces mesures coercitives, c’est ensuite parce que nous n’avons plus la capacité de satisfaire aux besoins de tous, tout le temps. C’est parce que notre parc nucléaire a perdu de sa capacité, décennies après décennies, et notre parc hydraulique, a vu ses cours d’eau fondre comme neige au soleil. Et le tableau ne s’améliorera pas de sitôt. Le renouvelable est très loin de prendre le relais, photovoltaïque, éolien, biomasse, géothermie et autres sont encore loin d’apporter une capacité de production qui rivalise avec le nucléaire. Les centrales nucléaires de nouvelle génération ne prendront pas le relais avant 15 ans, les premières n’étant toujours pas en service. Et nos usages continuent de croître, jusqu’à plus 40% selon RTE, intégrant le boom des véhicules électriques qui devront se recharger ou rester au garage.

Il ne nous reste qu’à agir efficacement, et vigoureusement pour améliorer la performance énergétique de chaque immeuble, de chacune de nos machines, et à changer dramatiquement nos comportements habitués à l’infini électrique qui est, à présent, bien fini.