Pourquoi constate-t-on une augmentation du prix de l’énergie ?
Pendant la crise sanitaire du Covid-19 de 2020, nous avons connu une baisse mondiale de la consommation d’énergie.
Depuis la reprise des activités dans le Monde, notamment avec la forte reprise dans les pays émergents, les prix ont augmenté avec l’inflation. Ce qui nous perturbe est le fait que cette augmentation soit brutale, rapide et importante : nous n’avions pas anticipé le retour à une économie post-Covid-19. Il y a une corrélation entre la demande et l’offre : si la demande augmente, le prix lui aussi se met à augmenter (le prix du kWh, le baril de pétrole). Les producteurs de pétrole et gaz n’ont pas intérêt à produire massivement, et donc à extraire massivement, ils ont plutôt intérêt à limiter leur production pour garder un prix fort.
Dans le même temps, nos moyens de production en France, mais également dans d’autres pays, coûtent de plus en plus cher. En effet, la maintenance, le réseau de distribution et le développement massif des énergies renouvelables, la mise en place de compteurs intelligents (Smart Meters, Linky, Gaspar) participent à cette inflation.
Et Les taxes et contributions assises sur le prix du kWh, croissent proportionnellement.
Quelles sont les sources d’énergie concernées par cette augmentation ?
Les sources d’énergie fossiles (gaz, pétrole, charbon) sont les matières premières les plus critiques, ce sont des « réservoirs » que l’on vide et qui ne se remplissent pas aussi vite.
Par effet domino, comme le prix des matières premières augmente, les marchés de l’énergie sont aussi à la hausse dans leur globalité. C’est le cas du prix de l’électricité (alors que la production est majoritairement nucléaire en France mais pas en Europe et dans le Monde) qui subit les mêmes augmentations.
En revanche, l’eau comme les moyens de production d’énergies renouvelables (photovoltaïques ou éoliens) sont moins concernés par cette hausse car ils n’utilisent pas d’énergie fossile.
Qui est impacté par cette hausse du prix de l’énergie ?
Tout le monde. Tous les consommateurs sont concernés. Pour les particuliers, la hausse peut être limitée par des mesures gouvernementales.
En revanche, pour les entreprises et les collectivités territoriales, le secteur du transport et le secteur du bâtiment (qui représente à lui seul 44 % de l’énergie consommée en France), la fin des tarifs réglementés de vente (TRV) les prive de tout « bouclier ».
Combien de temps cela risque t’il de durer ?
Une question à laquelle on ne peut pas répondre aujourd’hui. Il est difficile de calibrer et estimer la période de hausse dans laquelle nous nous trouvons. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte, à commencer par ceux qui poussent à la hausse :
- Les énergies fossiles (et même l’uranium) continuent de s’épuiser.
- Les coûts d’infrastructures, les besoins de production en qualité, quantité et sûreté vont augmenter
- La fiscalité dans les pays les plus endettés
Les facteurs qui permettront de limiter cette hausse :
- le développement des énergies renouvelables qui ne reposent pas sur ces matières premières fossiles, qui elles disparaissent. On peut penser que ce développement va permettre de maintenir un peu les prix, surtout au niveau de la production.
- Les accords de Paris devraient faire diminuer la demande et baisser les prix mais ce n’est pas suffisamment le cas actuellement.
Le Décret Tertiaire qui impose aux bâtiments tertiaires de réduire leur consommation afin d’améliorer leur performance énergétique.
L’augmentation est-elle fixe pour tout le monde ?
Les augmentations sont très variables, elles dépendent tout d’abord de l’énergie consommée (l’électricité et le gaz, sont très différents au sein du marché de l’énergie). Pour les particuliers, il y a les TRV. Pour le reste, les tarifs sont au prix du marché + les prix commerciaux des fournisseurs.
Il existe des contrats dans lequel le prix du KWh est fixe. Si le prix est fixe, la hausse ne se verra qu’à la fin du contrat. Si le prix est variable, la hausse se fait chaque mois, d’où l’importance de revoir les termes de ses contrats.
Comment amortir cette hausse pour ceux qui sont concernés ?
Le facteur le plus important et évident : réduire sa consommation et être plus sobre, sobre dans chacun de ses usages.
Il faut aussi optimiser ses contrats de fournitures : vérifier que chaque contrat est dimensionné par rapport à ses besoins. Cette solution est trop peu souvent utilisée alors qu’elle permet de faire des économies sans toucher aux usages du bâtiment.
Réduire les consommations grâce à des moyens de consommations propres aux bâtiments. Cette solution est un investissement à faire pour le long terme. Plus le prix de l’énergie augmentera, plus le retour sur investissement sera rapide.
Qu’est-ce que les fournisseurs d’énergie vont pouvoir proposer à leurs Clients pour faire face à cette hausse ?
Les fournisseurs d’énergie définissent leur politique tarifaire. Ce sont eux qui définissent leur prix. Néanmoins leur marge de manœuvre est faible. Ils peuvent aider et même doivent aider leur client, c’est dans leurs missions de conseiller pour réduire la consommation énergétique. Par exemple, Ils peuvent les informer de l’arrivée du Décret Tertiaire en leur indiquant les objectifs de réduction des consommations imposés et leur conseillant des solutions économes en énergie. Les clients peuvent aussi solliciter ces acteurs pour les aider dans cette démarche.
Est-ce que la CRE (Commission de Régulation de l’Energie) ou une instance de régulation va pouvoir jouer son rôle de régulateur ?
La CRE est l’organe public de régulation. Elle joue son rôle et prend les décisions qui vont structurer le secteur de l’énergie. Elle a peu de moyens d’actions à court terme mais donne une perspective pour faire évoluer la loi. Elle veille aussi à ce que le marché soit équilibré entre les différents acteurs y compris sur les aspects de concurrence.
Comment anticiper son budget énergie pour les années à venir ?
Nous savons que la hausse des prix de l’énergie va continuer. On ne sait pas quel sera le montant de la hausse des prix et quand et comment cela va évoluer.
Il faut trouver un équilibre entre le budget de fonctionnement et le budget d’investissement. Nous savons que le retour sur investissement des travaux (isolation, automatisme, éclairage basse consommation) permettant de réduire les consommations d’énergie va se raccourcir d’année en année.
Ne rien faire, c’est s’assurer de dépenses futures insoutenables. Investir, rénover, travailler à des bâtiments et des usages plus sobres, plus économes, c’est préparer une transition énergétique gagnante plutôt que subie.